Vous reprendrez bien de cet excellent cocktail !
Le cocktail, c’est « la queue du coq ». N’y voyez pas l’origine de ce mot étrange. Elle est obscure. Et ce mot, s’il était utilisé d’abord pour de judicieux mélanges de boissons, désigne maintenant facilement un mélange quel qu’il soit.
Nous parlerons « d’effet cocktail »à propos de mélanges de molécules moins appétissantes, des molécules dites « polluantes ». Celles que nous ingérons, nous respirons à longueur de journées, le plus souvent à notre insu. Nos connaissances sur ces molécules rejetées dans la nature, et leurs effets éventuels sur notre santé augmentent à grande vitesse.
Mais elles sont évaluées une à une, pas « ensemble ». Or qui sont les chanceux contaminés par une seule molécule ?
L’ effet cocktail, dans ce domaine, c’est donc l’effet de « l’ensemble » de toutes ces molécules sur l’organisme.
L’eau a une grande puissance symbolique : pas de vie sans eau, cette évidence résonne plus ou moins consciemment chez tout de monde.
Depuis quelques dizaines d’années, la qualité de l’eau potable est mise en doute.
Depuis quelques années, la quantité d’eau douce disponible en France nous turlupine. La première alerte depuis « la guerre de 40 » a eu lieu en 1976, où le débit de la Loire fut inférieur au débit 2022.
Comment y voir clair ?
Clair comme de l’eau de roche !
Historiquement, les hommes ont d’abord cherché à distribuer une eau propre, sans féroces microbes.
J’ai fait des analyses d’eau de puits pendant quelques années. Ces eaux étaient presque toutes contaminées. Pour avoir une eau correcte, le puits doit être bien conçu, entretenu, et à l’abri. Un simple escargot qui tombe dans le puits, et votre eau peut être souillée.
Dans la France rurale du passé, le puits est souvent proche des étables ou des fumiers… En ville, c’est pire : l’eau est pompée dans la rivière, qui fait souvent office d’égout terminal, pour les déjections comme pour les rebuts de nombreux artisans. Beurk.
Dans bien des régions, en consommation courante, la bière ou le cidre étaient préférés à l’eau, cette dernière étant suspecte d’entraîner des diarrhées fébriles parfois dramatiques, sous forme d’épidémies, petites ou grandes. ( Typhoïde, Shigellose, Hépatite…)
Tout ceci a changé au début du XX ième siècle, les microbes sont enfin démasqués, ils ont la vie moins facile.
Plus tard, pendant les trente glorieuses, une eau de bonne qualité sera distribuée partout en France. Puis on se mit à parler Nitrates, Phosphates, Polluants, Etc. Un des premiers, si ce n’est le plus fameux, fut le DDT. Ces polluants ne sont pas que d’origine agricole : le DDT fut utilisé en masse comme anti moustique. Les PCB sont d’origine industrielle. Ces deux là font partie des POP, des redoutables persistants : ainsi que les dioxines relarguées par quelques usines, le Chlordécone, les HAP par les combustions du pétrole et de ses dérivés, de cigarette et de café mal torréfié. Les POP ne sont pas dégradés par le monde bactérien, et c’est bien dommage.
Et n’oublions pas certains médicaments et autres hormones qui se retrouvent maintenant dans l’eau, « à tous les étages ».
Tout ce vocabulaire sème l’effroi. On peut parler d’ailleurs de pollution généralisée.
De base.
Sont « à la mode » en ce moment les PFAS et les microbilles de plastique. On attend les prochains candidats.
Toutes ces considérations poussent à la question pratique : « Eau du robinet ou eau en bouteilles ? »
Mais, au même moment, il faut bien se pencher aussi sur les contaminations de l’air et des aliments. Pour l’air, quand on fait diffuser des produits « anti moustique », des « anti mouche », ou bien d’autres produits, on se contamine tout de suite bien plus qu’en buvant de l’eau.
Et on tolère dans les aliments des concentrations bien plus importantes que dans l’eau du robinet… Pour certains fruits ou légumes on devrait boire 10000 litres d’eau pour ingérer la même quantité de la substance tolérée dans le fruit !
Depuis longtemps déjà des millions de français ont choisi l’eau en bouteille plastique. Sont ils « en meilleur santé » ? Impossible de répondre à cette question.
Procédons par certitudes :
Les normes utilisées pour l’eau potable sont très sévères. Les pesticides ne sont pas tolérés à plus du microgramme/litre dans l’eau. Et la quantité totale de pesticides ne doit pas dépasser O,5 microgramme/litre.
Il n’y a pas d’aliment plus controlé que l’eau.
Est-ce une assurance tout risque ?
Non, pour plusieurs raisons : on estime à plus de 100000 le nombre de molécules relarguées dans la nature par l’activité humaine. En pratique courante au maximum à peine quelques centaines sont recherchées, voire quelques milliers en cas d’études approfondies.
Certains polluants agissent à très faible taux, et surtout, l’effet cocktail est très peu étudié.
Les eaux en France peuvent être de qualités différentes, suivant les captages, et les techniques utilisées pour la potabiliser.
Pour s’assurer de cette potabilité, des biotests peuvent être pratiqués, après la batterie des analyses standards. Mais il n’y a encore aucun consensus à ce niveau, ni règlement, que ce soit au niveau national ou européen.
Depuis de nombreuses années, l’eau a été souvent testée sur des poissons (truites), des crustacés (daphnies), avant son envoi dans les tuyaux. Le comportement des poissons est observé, et au moindre changement suspect , une alerte est lancée.
Depuis peu, de nouveaux biotests ont été mis au point : l’eau peut être testée sur des cultures cellulaires, des micro algues, des champignons, des bactéries, des levures. Ces biotests sont automatisables, et donc d’une usage « facile », une véritable révolution de labo.
Et, grand avantage, Ils permettent de tester le fameux effet cocktail.
En cas de souci récurrent, on peut décider d’épurer l’eau par osmose inverse, ou par passage sur charbon actif. Ce sont de lourds investissements. La filtration par osmose inverse est grande consommatrice d’énergie, et le charbon actif retraité à haute température, et il vient souvent de Chine !
Mieux vaudrait donc éviter les pollutions à l’origine : éviter les pesticides et autres polluants sur les zones de captage (moins de 5 % de la surface agricole) .
La complexité du sujet est donc à étudier localement : l’eau de forages profonds est plus saine a priori que l’eau superficielle. Cette eau là, en fin d’été peut être plus difficile à traiter. La Loire atlantique du point de vue de l’eau est franchement bretonne. Peu d’aquifères, et avec une Loire minable en fin d’été, c’est assurément un département test : l’eau potabilisée provient principalement de la Loire, des rivières, qui sont à cette période souvent riches en cyanobactéries, et surtout leurs toxines, et en polluants divers plus concentrés.
L’eau en bouteille plastique est sans doute de meilleure qualité, car en général au niveau des captages les pesticides sont sous contrôle, le plus souvent interdits.
Mêêê… Attention à nos réflexes panurgiques !
Cette eau embouteillée engendre une pollution plastique gigantesque : c’est la source numéro un dans le monde des déchets plastiques. Et même dans nos pays bien administrés, le recyclage est loin, loin, d’être au top !
D’autre part, elle ne doit pas être stockée à la chaleur, car elle y perd ses qualités. Pas simple, avec nos étés nouvelle formule. La composition des plastiques est « secret industriel » Y a-t -il relargage des additifs dans l’eau ?
Quant aux microbilles de plastique, grosso modo, il y en a deux fois moins dans les bouteilles, mais c’est très variable suivant les marques, et les origines. Et quoiqu’on fasse, on en respire, on en avale tous quelques grammes par semaine.
Je bois donc l’eau du robinet sans arrière pensée, en Loire Atlantique.
Quant à sa disponibilité, la chasse au gaspi est un sport à développer de toute urgence, ainsi que le captage des eaux de pluie…
Récemment dans notre département, ces biotests ont conforté le projet d ‘assainissement de l’eau de Machecoul. Cette eau est maintenant filtrée sur charbon actif. Les biotests, qui permettent l’étude de l’effet cocktail, étaient plutôt rassurants, à part la présence d’une activité fongicide (anti champignon) résiduelle inaceptable.
Une fontaine bretonne