Une mouche ça trompe énormément
Mouche piqueuse, ou mouche des étables, le Stomoxe : remarquez la belle trompe piqueuse luisante. Il a aussi six pattes, comme tous les insectes. Deux ailes, c’est un diptère.
Faut pas rêver : un petit crétin sommeille au fond de nous tous, qui ne demande qu’à s’épanouir. On a beau faire le beau, on a beau le dire, sans arrêt, trouver chaque matin qu’on est du bon côté, personne n’y échappe, ni même les dieux ou leurs descendants, ni les egos hyper dilatés.
Triste condition humaine ! Se tromper toujours et partout, et à chaque instant, est à la portée de nous tous, donc de chacun.
Il y a quelques années, une mouche a fait son apparition chez nous. Oh une mouche bien banale, sauf que : elle piquait Nathalie, ma compagne, mais pas moi. Les premières fois, du haut de mes longues études de biologie, je déclarais péremptoirement : une mouche, ça ne pique pas ! Seulement voilà, je suis biologiste médical, pas mouchologue. Et mon cours de parasitologie n’était pas vraiment exhaustif, il est d’ailleurs impossible qu’il le soit.
Une mouche ça peut piquer, et quand ça pique, ça s’appelle un Stomoxe. Eh oui, petit crétin.
Cette mouche ne me trompe plus, j’ai observé sa solide trompe piqueuse au binoculaire. Un vrai rostre, une arme. Qui peut donc nous pomper un peu de sang vite fait.
Elle s’est mise cette année à me piquer furieusement aussi. Allez savoir pourquoi. Peut-être que mon odeur s’est améliorée, peut-être sont-elles plus nombreuses, plus affamées donc, je ne sais pas.
Cette mouche se reproduit dans les excréments de divers animaux, dans les composts, les trucs pourris. C’est une cosmopolite emmerderesse dans les campagnes, très très nuisible aux animaux dans quelques pays du Sud.(Par les virus qu’elle peut transmettre)
Elle est extrêmement vive et hypersensible, difficile à dégommer donc, les autres mouches font koalas anémiés à côté.
J’ai essayé de les piéger avec un papier collant bleu, sans succès. Mais mon bleu n’est sans doute pas le bon, il faudrait un coloris azur 023. Les spécialistes ont repéré des Stomoxes résistants à tous les insecticides. Tout va bien.
Après le Coronavirus, le moustique tigre, la guerre, le pétrole qui coule moins, le gaz qui coûte plus, les incendies, le manque d’eau potable, les GES en folie, voilà les Stomoxes.
Enchanté, merci.
En 1968, en première D, nous avons été les premiers élèves à avoir une initiation à l’écologie. Je prononçais à l’époque ce mot avec une certaine délectation, car à ce moment là, personne ne connaissait le mot écologie, à part quelques docteurs nimbus dans les facs parisiennes.