Une histoire d’avidité
Gros tas de crânes de bison
Black Elk (Elan Noir) fut l’un des leaders spirituels de la nation sioux , plus précisément de la tribu des oglalas, au XIX ième siècle.
« Je n’avais encore jamais vu de Wasichu et je ne savais pas de quoi ils pouvaient avoir l’air ; mais tout le monde disait que les Wasichus allaient venir, qu’ils prendraient nos terres, nous extermineraient et qu’il faudrait tous mourir au combat. Jadis nous étions heureux sur nos terres et nous avions rarement faim, parceque les « deux-jambes » et les « quatre-jambes » vivaient ensemble comme une grande famille et il y avait assez de tout, pour eux comme pour nous. Mais les Wasichus sont venus et ils ont fait de petits ilots pour nous et d’autres petits ilots pour les « quatre-jambes » et ces ilots deviennent toujours plus petits devant la marée montante des Wasichus, marée sale de tromperies et d’avidité.
J’avais dix ans cet hiver-là, quand pour la première fois je vis un Wasichu. D’abord j’imaginais qu’ils étaient tous malades, et j’avais peur qu’ils n’engagent à tout instant le combat avec nous, puis je me suis habitué à eux.
Je peux me rappeler l’époque où les bisons étaient si nombreux qu’on ne pouvait les compter, mais les Wasichus les ont tués tant et tant qu’ils ne restaient que des carcasses là où ils venaient paître auparavant. Les Wasichus ne les tuaient pas pour manger; ils les tuaient pour le métal qui les rend fous et ils ne gardaient que la peau pour la vendre.
Parfois ils ne les dépeçaient même pas ; ils ne prenaient que les langues et j’ai entendu parlé de bateaux-de-feu descendant le Missouri chargés de langues de bison séchées.
Ceux qui ont fait ça étaient des fous.
Parfois ils ne prenaient même pas les langues ; ils les tuaient simplement pour le plaisir de tuer.
Quand nous chassions le bison, nous ne le faisions que selon nos besoins. »
Post scriptum : c’est principalement le commerce des peaux qui a fait passer la population bison de 60 millions à … 800. Ces peaux étaient transformées en courroies, très demandées par l’industrie européenne naissante. Elle multipliait à cette époque les moteurs à vapeur, succédant les moteurs à énergie hydraulique et éolienne .
Les ossements étaient ramassés, broyés et vendus comme engrais, après décomposition des carcasses : les bisons n’étaient pas chassés pour leur viande. Ce qui évidemment choquait profondément les autochtones.
Quand Elan Noir parle de « simple plaisir de tuer », c’est probablement des abattages de masse demandés par le gouvernement américain pour affamer les indiens.
Il pose un bon diagnostic : les wasichus sont fous, ils sont souvent atteints d’une maladie mentale très répandue, qui provoque chez eux un goût pour l’or immodéré, donc irréfléchi.
Cette maladie, née avec Homo « sapiens« , est très répandue dans le monde entier.
De nos jours, les riches wasichus continuent à compter leur argent, à amasser leurs picaillons, au lieu de compter les ressources de la planète, leurs ressources. Et ils sont enviés par une multitude…
L’ accumulation de biens, née de cette maladie mentale, avait valeur de survie dans notre histoire.
Elle est maintenant hautement toxique pour tous, donc pour eux.
Le mot wasichu initialement ne voulait pas dire « homme blanc ». C’était « un type d’homme » C’était l’homme qui, perdu dans son avidité, en devient gros bêta, aveugle – même si il apparait socialement très brillant-.
C’est plus tard que le mot a désigné l’envahisseur blanc, décrit de manière clairvoyante par Black Elk.