Une année juste
Champ éolien sur le banc de Guérande
Bonne année !
Bon voyage !
Une année représente le temps que met notre bonne vieille terre à faire le tour du soleil, je l’avais oublié : un retour à la case départ, en quelque sorte, un grand jeu de l’oie cosmique.
Mais en fait, 365 jours, c’est grosso modo.
Jules César, sur les conseils d’astronomes égyptiens, avait imposé le calendrier Julien, de Julius, excusez du peu. Pour le fils autoproclamé de Vénus, on lui doit bien ça : un calendrier avec les années bisextiles, qui empêchent le décalage lent et progressif des saisons : 365,25 ce n’est pas 365…
4 fois 0,25 ça fait un jour de plus, au mois de février, le 29, tous les quatre ans donc.
Mais 365,25, c’est encore « grosso modo ».
Il a fallu une autre réforme pour faire arrêter la dérive : c’est le pape Grégoire VIII, qui décida de supprimer 10 jours, en 1582, et de d’ignorer quelques années bissextiles de ci de là. Et là, on est tranquille pour 10000 ans. Avant cette réforme, on risquerait un jour de planter les patates un peu trop tard…
Mais les orthodoxes et les protestants refusèrent cette réforme, dans un premier temps.
A Rome, en Espagne et au Portugal, le lendemain du jeudi 4 octobre 1582 fut le vendredi 15 octobre. En France le retranchement des 10 jours eut lieu en décembre de la même année.
Aux Pays-Bas, le lendemain du 14/12/1582 fut le jour de Noël. Mais les provinces protestantes refusèrent de se plier au décret.
« Les protestants, disait Képler, un célèbre astronome, aiment mieux être en désaccord avec le Soleil, que d’accord avec le pape ».
Les protestants des Pays-Bas, d’Allemagne et de Suisse l’adoptèrent vers 1700. L’Angleterre et la Suède ne se sont alignées qu’en 1752. Le Japon en 1873. Les Russes, les Grecs, les Bulgares, les Yougoslaves, orthodoxes, au XXième siècle. L’URSS est donc passé en une journée du 1er au 15 février 1918. La révolution d’octobre 1917 a eu lieu en novembre ! Les églises orthodoxes orientales ont renoncé au calendrier julien en 1923. La Chine l’a fait en 1912, la Turquie l’a fait en 1924.
Ce calendrier grégorien européen déterminait l’année solaire à 365,2425 jours ; et l’astronomie moderne 365,2422 jours… le calendrier maya, à 365,2420 jours ; 700 ans avant les Européens, les Mayas ont donc été capables de déterminer la durée d’une année solaire avec une grande précision. Leurs études du mouvement de la lune et des planètes étaient remarquables, alors qu’ils observaient le ciel à l’œil nu, sans télescope !
Cette mathématique cosmique s’inscrivait dans un dialogue constant entre les savants mayas de l’époque et leurs dieux. Pas de Dieu, pas de « nature », mais des entités diverses plus ou moins bienveillantes, plus ou moins maléfiques. Et quand il y avait désaccord entre leurs prédictions et la réalité, ils n’hésitaient pas à vouloir influer cette réalité, influencer les dieux en quelque sorte.
« Puisque les astres ne veulent pas se plier à la rythmicité que nous avons élaborée et qui colle « presque », agissons, nous, pour modifier leur course. » Ils élaboraient des déambulations rituelles complexes exécutées par les grands prêtres à des moments très précis dans l’année. Elles étaient sensées adapter le cours des étoiles à la représentation qu’ils avaient calculée.
Faire « bouger les étoiles », quelle orgueilleuse folie !
Pour nous, agir sur notre environnement physique, c’est vouloir agir sur la concentration des fameux GES, gaz à effet de serre. C’est moins grandiose, presque simple, mais les hommes n’en veulent pas : ils ont arrêté depuis un moment déjà, de voir les étoiles, de voir la nature, voire d’écouter la science. Quelle folie !
Tout comme dans nos sociétés, la liberté et l’amour effrayaient les mayas …