Nos pensées plastifiées
Des idées en plastique…des idées lavables…éviter les idées sales…
Sur le podium des scientifiques les plus anxiogènes de l’année parade Matthew Campen, qui a pondu un article pas piqué des hannetons en 2024.
En constatant l’omniprésence de microparticules plastiques – de 1 nanomètre à 500 microns- dans notre environnement, il lui a pris l’envie aussi sotte que grenue de les rechercher dans des autopsies de cerveaux humains.
(Un millimètre, c’est un millième de mètre, un micron un millième de mm, un nanomètre un millième de micron)
Il les a cherchés aussi dans les reins et le foie, importants organes d’élimination, là où on s’attendrait à les voir en plus grand nombre.
Il a voulu aussi juger de leur évolution, en choisissant des prélèvements de 2016 et une autre série de 2024.
Polyethylene (PE), Polyvinyl chloride (PVC), Nylon 66 (N66), Styrene-butadiene (SBR), Acrylonitrile Butadiene Styrene (ABS), Polyethylene terephthalate (PET), Nylon 6 (N6), Poly(methyl methacrylate) (PMMA), Polyurethane (PU), Polycarbonate (PC), Polypropylene (PP), Polystyrene (PS) sont les polymères plastiques recherchés, et c’est le polyéthylène qui a gagné le pompon( 74%)
Ces plastiques étaient ensuite traqués au microscope électronique, pour en dessiner les contours.
Surprise désagréable : en concentration, il y avait grosso modo 10 fois plus de particules dans le cerveau que dans les deux autres organes !
Cette plus forte concentration dans le cerveau peut avoir des explications simples : c’est l’organe le plus riche en lipides après le tissu adipeux et les microplastiques ont un caractère lipophile. On peut retrouver d’ailleurs ces « MNPs » (micro nano plastiques) dans les plaques d’athérome carotidien (avec risque d’infarctus multiplié par 4 (?)).
D’autre part le cerveau est l’organe le mieux irrigué par le flux sanguin ; quant à la fameuse barrière hémato-encéphalique, il n’aura fallu que deux heures pour qu’elle soit traversée par des particules plastiques inférieures à un micron chez la souris !
Matthew a observé une augmentation des concentrations de ces MNPs de moitié entre 2016 et 2024…
Ces études demandent à être vérifiées et les moyennes présentées doivent être prises avec des pincettes, vu la taille de l’échantillon (une cinquantaine d’autopsies) Les biais sont nombreux : le plus important, le recrutement, car je ne pense pas qu’on biopsie des cerveaux de Mr ou Mme Dupont pour y traquer ces MNPs…
La moyenne d’âge des décès, la cinquantaine est bien basse, et, surtout, n’oublions pas qu’il s’agit d’autopsies … donc surement d’une population bien particulière… Le nombre de MNPs ne semble pas corrélé avec l’âge, ce qui peut être rassurant (?).(Et soulève bien des questions. Atteinte d’un plateau ?)
Mais deux certitudes quand même : c’est désagréable de réaliser que notre cerveau héberge quelques grammes de plastique, et en huit ans, la différence ne plaide pas pour une amélioration…
Remarque de Nath : en arriverons nous dans un avenir proche à diagnostiquer un AVC dû à un micromorceau de tong ?
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