Nos amitiés bactériennes
Quelques espèces bactériennes sont connues par leur nom dans la population, mais elles sont rares. Le Staphylocoque, la Salmonelle, la E coli, la Listeria et quelques autres sont toutes accrochées au Panthéon des horreurs.
Et pourtant !
Le plus grand nombre d’entre elles, et elles sont innombrables, ne nous veut aucun mal, elles nous sont même totalement indifférentes. Et certaines ont d’ailleurs été adoptées par l’espèce humaine pour son plus grand bien, il y a fort longtemps.
Je ne vais parler que d’une seule de nos amies, le Lactobacille. Je fais simple : il en existe de nombreuses espèces, et sous-espèces.
Pour nous éviter bien des ennuis en ingérant des microorganismes nuisibles, et aider la digestion, l’estomac est muni de très nombreuses minuscules pompes qui acidifie en permanence notre bol alimentaire.
Remarquez, les hommes pratiquent la conserve alimentaire acide depuis longtemps, que ce soit la choucroute, les cornichons, le kimchi, les légumes lacto-fermentés… Les microorganismes n’apprécient guère l’acide, d’une manière générale, ils fuient le proton. (c’est l’agent acide hydrogène H+)
L’estomac, lui, ne stérilise pas vraiment, mais il fait baisser de beaucoup la pression bactérienne et virale.
L’autre organe « ouvert », sans arrière pensée graveleuse, est le vagin. Et le pénis peut facilement faire office de transporteur de microbes indésirables. Le gonocoque de la chaude-pisse, l’agent de la syphilis, le virus HIV sont connus, moins les nombreuses espèces de Papillomavirus, pourtant très présents.
Ces derniers pour s’installer bien au chaud dans le vagin, doivent affronter une bactérie en nombre, notre fameux Lactobacille. Ce dernier acidifie le milieu en transformant le glucose en acide lactique. Et c’est une excellente chose, à l’instar de notre estomac.
Il produit également du peroxyde d’oxygène, autrement dit de l’eau oxygénée, des bactériocines, des virucides… Bien sur il est débordé aisément devant un invasion massive de gonocoques, ou une armée de virus HIV, mais… pour l’entretien courant, c’est une merveille.
Le Lactobacille a malheureusement des ennemis, dont un de taille : la fumée de cigarette dont les nombreux composants toxiques sont présents dilués dans le sang, qui irriguent bien sur notre vagin, comme chaque organe.
Le lactobacille disparait alors sous les coups de butoir des benzo-pyrènes ou autres nitrosamines. Ces produits favorisent également les virus amateurs de Lactobacilles, des phages spécifiques. Une flore de remplacement s’installe, sous forme d’un biofilm de Gardnerella vaginalis, et d’autres bactéries dites anaérobies, qui sont d’odeur très déplaisante. L’acidité disparait, et les virus sont à la fête. Un peu de sperme augmente le PH d’un cran, et les odeurs deviennent intolérables.
Voilà pourquoi il faut soigner ces vaginoses qui amènent les femmes chez le médecin. Elles favorisent largement l’implantation des Papillomavirus dont certains sont à l’origine des néoplasies cervicales. On traite par antibiothérapie, on peut aussi prendre des pro biotiques pour restaurer la flore lactique ; cette espèce d’auto-ensemencement peut demander de la patience : du temps. Mais ces pro biotiques peuvent venir à bout des lésions de bas grade !
Je me souviens il y a vingt cinq ans de cette jeune femme perturbée par ces vaginoses à répétition, à qui je n’avais pas posé la question, fumez-vous ?