Rouges jardinspar Guy Grandjean
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L’urgence taboo

Nature

Dans tous les hôpitaux, un service travaille de jour comme de nuit : le service des urgences. Il est souvent signalé « Urgence », au singulier.

Une urgence chasse l’autre, qui dit urgence dit priorisation. Voilà un mot qui se souligne de rouge tout seul quand je tapote l’ordi : l’académie française ne l’a pas encore retenu, elle le trouve encore barbare. Le médecin qui accorde son attention à un malade plus grave qu’un autre lui accorde la priorité : il priorise. Tous les médecins du monde font de la prose sans le savoir, comme monsieur Jourdain, dès potron minet, ils priorisent.

L’urgence climatique chasse donc toutes les autres préoccupations, par définition. Si on conçoit bien que les émissions de GES, gaz à effet de serre, doivent baisser à toute vitesse, il est un autre sujet jamais abordé, tabou. La régulation des naissances.

La dernière ère glaciaire a duré 100000 ans, à la louche, avec un optimum à -20 000 ans. Le rhinocéros était devenu laineux chez nous, les hommes avaient un gros nez pour réchauffer un air devenu glacial, on les appelait les Néandertaliens.

Le sol était constamment gelé et enneigé au Nord de la Loire. Le réchauffement qui nous préoccupe pourrait s’avérer bienfaisant pour affronter la nouvelle ère glaciaire qui s’annonce dans quelques siècles. Car vivre à huit milliards sur une planète devenue à moitié inhabitable paraît une option fantaisiste.

Seulement voilà, il ne faudrait pas aller trop vite, et ça va trop vite, beaucoup trop vite. Les scientifiques le braient ou le brament ? dans le désert depuis longtemps.

Les paysans du monde entier le savent eux aussi, et certains le ressentent très cruellement depuis un moment déjà : leur dur métier devient plus difficile sous de nombreuses latitudes.

Toute la science et la technique du monde s’efforcent d’adapter nos pratiques à ces nouvelles données. En vain. Depuis 1973, nous savons que l’or noir est épuisable. Le pétrole off shore, et les gaz de schistes américains n’ont fait que reculer les échéances d’une quarantaine d’années. Les gaz et pétroles russes ne sont plus vendus à l’Europe, certes, mais ils ont trouvé d’autres acquéreurs. Globalement, et en dehors des pathétiques spéculations, la tension sur l’énergie est énorme. Et cette énergie est à la base de la fabrication et du transport des engrais.

Que ce soient « les engrais chimiques », dont les principaux en sont dérivés directement, ou les « organiques ». Des sociétés importent des engrais organiques, seuls autorisés en « bio », du monde entier, rarement transportés à dos d’âne.

Moins d’engrais, moins de production agricole.

Moins d’eau, encore moins de production agricole.

D’où l’urgence absolue de « réguler les naissances »

There is no time toloose, my friend

« Deux milliards de vélos »

« Un billion d’arbres »

« Un millions d’hévéas »

Seuls objectifs réalistes, qui paraissent cinglés, curieusement. Ces objectifs évidemment nécessitent une levée de fonds extra ordinaire, sous forme d’un impôt climat.

L’ hévéa produit quelques kilos de latex par an. Son suc laiteux est formidable pour la fabrication des capotes dont l’usage pourrait éviter l’émission quotidienne de billiards de spermatozoïdes.