Rouges jardinspar Guy Grandjean
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Les trop nombreux orchestres dysharmoniques d’Europe

Ecologie

Au dessus de ma tête, ce matin : plus d’une centaine de corneilles, se moquant des bruits divers sensés les effaroucher. Des corneilles que l’on nomme corbeaux, le plus souvent. Les distinguer de loin n’est pas facile : le corbeau porte un bec plus trapu et grisâtre.

Maître corbac, sur une vigne perchée…

Ces troupeaux de corbeaux croassant, c’est quasi du Hitchcock in vivo.

Les prédateurs humains et animaux avancent de concert, en criant, ignorant le délicieux plaisir du chant.

Corneilles mantelées

Comme Michel, je préfère Molière à Corneille : ce dernier a toujours provoqué chez moi un ennui sidéral, quand on me rabattait mes oreilles adolescentes de ses vers obscurs.

Je baillais donc aux corneilles en fond de classe, près des fenêtres, à l’affût d’éventuels autres oiseaux plus attirants.

Ces corneilles qui se font nombreuses depuis peu par chez nous me gavent de leurs criailleries continuelles, et ont pillé le champ de blé frais semé du voisin. Et elles, c’est la terreur qu’elles sèment chez les autres espèces d’oiseaux, y compris… les buses, en petites bandes organisées !

Une buse nous regarde

Elles ont un cerveau de belle taille : elles sont d’une intelligence exceptionnelle. Tout comme les pies, elles sont très observatrices et malignes : dans certains pays elles font casser les noix par les voitures..

Toutes ses qualités les rendent franchement opportunistes inopportunes quand elles pullulent …

Tout comme les sangliers.

Et tout comme lui, ce n’est pas « une espèce nuisible ».

C’est juste une espèce qui se répand car leurs prédateurs ont disparu depuis belle lurette. Et pour le sanglier les énormes surfaces de maïs sont une aubaine. La corneille, elle, se délecte des semis de diverses céréales, et elles ne manquent pas : comment ne pas se multiplier ?

Ce sont des ESOD.

Kesaco ? Espèce susceptible d’occasionner des dégâts.

Une dénomination administrative, certes, mais comment ne pas administrer nos énormes surfaces dévolues aux cultures, coincées entre bien peu « d’espaces naturels »?

Tous les ans, on estime à 400 000 le nombre de ces oiseaux tués par les chasseurs, sous contrôle des préfectures.

La plupart des oiseaux connaisse un déclin de leur nombre, mathématiquement dû à l’effondrement du monde insecte.

Quelques espèces résistent, elles dédaignent l’insecte : le pigeon, la corneille. Contrairement aux dires de la LPO, ce corvidé fait d’ailleurs plus que résister car, malgré les destructions, le nombre de couples reste stable en France.

C’est donc que leur succès biologique s’accroit.

Comme en Europe.

Dans les villes comme à la campagne, les nuages de pigeons sont indésirables. Dans les cahiers de doléance en 1789, ils étaient déjà dénoncés par les paysans pour la destruction de leurs récoltes.

Les corneilles malheureusement méritent donc bien le qualificatif Esod.

Un joli corvidé, le Choucas des tours, ennuyeux aussi quand il prolifère.