Rouges jardinspar Guy Grandjean
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Les corneilles noires, les pies bavardes et les corbeaux freux ne chantent pas

Ecologie

Dans l’univers oiseau européen, ces espèces, des corvidés, ne font pas partie des volatiles dont le chant peut vous émerveiller dès potron minet. Non, le chant, ils ne pratiquent jamais.

Ils crient. C’est tout.

Corneilles mantelées, une autre espèce

Le corbeau croasse.

La pie jacasse.

La corneille graille.

Ces verbes les trahissent.

Que des cris donc, et moches comme tout ! Curieusement, alors que je suis pourtant ami des emplumés depuis longtemps, ces trois espèces ne me sont pas particulièrement sympathiques. Oh non pas à cause de leurs vocalises ! Leurs cris désagréables me font saigner les oreilles, et font peur aux enfants, certes, mais bon, rien de dramatique.

Plume de pie

Non : les pies, trop nombreuses par endroits, dénichent et tuent les petits passereaux. Une centaine de corneilles viennent de piller devant chez moi un champ de blé pendant quelques semaines : le cultivateur estime la perte à trente pour cent. Dans une planète au bord de la famine, on ne peut pas bien le vivre. Les corbeaux s’intéressent aussi aux potagers et aux tenues maraîchères où ils se nourrissent des graines et plantules des pois, arachides, maïs etc. Ils percent aussi les enrubannés…. Ils font partie des rares espèces, avec les étourneaux, les pigeons et quelques autres, à ne pas connaître un angoissant déclin, lié au déclin insecte.

Les prédateurs crient, leurs victimes chantent, tiens, ça me dit quelque chose…

Dans la nature brute, et dans les parcs nationaux, ces remarquables opportunistes vivent plus difficilement en grands rassemblements. Et ils sont-eux mêmes la proie de rapaces …

Ils sont d’une grande intelligence, et d’incroyables observateurs. Ils passent leur temps en maraude, à guetter, épier. La pie et le corbeau peuvent se reconnaître dans un miroir : ils font partie du club très fermé des animaux capables de cette prouesse.

Une jolie tourterelle

Notre environnement periurbain (poubelles, potagers, maraîchage) et agricole leur convient donc. Et en Loire-Atlantique, c’est depuis 2011 qu’on a décidé de réguler leur population, en fonction de l’importance des dégâts. C’est plus récemment qu’en Bretagne le Chouca des tours subit la même pression au regard des dégâts considérables constatés sur les semis.

Selon les années, 5 000 à 10 000 corneilles noires, pies bavardes et corbeaux freux sont capturés en Loire-Atlantique chaque année. L’association dispose de 500 pièges qu’elle fait disposer par des bénévoles, et ce piégeage s’avère efficace pour trois, quatre ans. Ces opérations sont encadrées par arrêté préfectoral.

Queue d’un béjaune, un blanc bec, un gros niais, en fait, un jeune qui vient de quitter le nid. Il ne connaît pas grand chose, juste ce que l’instinct lui dicte : c’est un moment très difficile pour lui.

Une association centralise toutes les déclarations d’exploitants qui se sont fait connaître, et dresse une cartographie pour repérer les secteurs concernés. Si les dégâts sont avérés, une opération de lutte collective est lancée. Elle est définie à l’automne, et la période de piégeage intervient au printemps, au moment de la reproduction.

Notez que je n’ai pas utilisé le mot nuisible, qui est totalement inapproprié, ces oiseaux ne sont pas une nuisance, qu’on rêverait d’éliminer.

Ce sont des populations qu’on régule sur certains territoires, comme celles des sangliers et de certains cervidés, à un niveau toujours local.

 

Les oiseaux ouvrent leur bec pour ventiler, quand il fait trop chaud : ici, une pie.