Le médecin et son patient enfin d’accord
Une flaque de glace
Quand j’ai commencé l’étude des virus, une de mes surprises avait été la découverte que des papillomavirus pouvaient être à l’origine de simples verrues. On disait à l’époque que leur guérison était accessible à la suggestion, voire l’autosuggestion. Par quel miracle ?
Quand les virologues ont découverts les rhinovirus comme agent de rhume banal, les médecins l’ont adopté : le rhume est une maladie virale, point barre. Jetés aux orties les dires des patients parlant des suites « d’un coup de froid ».
Cinquante ans ont passé.
La grande majorité des verrues simples, comme des condylomes, disparaissent spontanément au bout de deux ans. On pourrait dire que l’organisme met deux ans à s’en débarrasser. C’est un peu long quand on tient à l’image qu’on veut renvoyer à l’autre… On peut donc aider la nature… On peut coller un simple sparadrap dessus, et les traiter de bien d’autres méthodes, dont la suggestion…pour « faire patienter »(?)
Les rhinovirus ont été découverts dans les années 1950. Mais c’est tout récemment que les chercheurs ont montré que les cellules humaines sécrètent de minuscules vésicules, entourées d’une double couche de lipides. Leur taille ? De 50 à 200 nanomètres, c’est un poil plus gros qu’un virus moyen. Et ses vésicules contiennent de nombreuses molécules intéressantes, des protéines anti bactériennes ,des molécules réceptrices de virus, des « leurres », qui débarrassent donc l’épithélium nasal des virus avant que ces derniers ne s’enfoncent dans nos muqueuses…
Faites respirer à un nez commun de l’air froid pendant un quart d’heure : la moitié des vésicules disparait, et les restantes sont déglinguées.
A vue de nez, on croit deviner pourquoi Néandertal avait un gros nez, lui qui s’accommodait de températures le plus souvent négatives.
Mais tout n’est sans doute pas encore dit : on peut dormir dans un duvet avec des températures très très basses, sans pour autant s’enrhumer…il reste donc encore des travaux à faire pour explorer plus intimement la biologie de ses sensations de « coup de froid », leur effet sur les « attaques » virales.
En attendant, le médecin et son malade peuvent se mettre d’accord…
La science : un langage commun, un accord possible