Rouges jardinspar Guy Grandjean
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Le chat jépété, un idiot rigolo et puissant ?

Humeur

J’entends parler de performances inédites de l' »intelligence artificielle », de « réseaux de neurones », d' »apprentissage machine ».. Quésaco ?

Dans mon domaine, la biologie, l' »intelligence artificielle » a permis la découverte de nouvelles molécules antibiotiques. Quelle merveille !

Mais tout ce vocabulaire me trouble.

De base, n’est ce pas tout simplement une question de choix de mots qui me perturbe ?

En fait, de quoi s’agit-il ? De quoi parle-t-on ?

Bon, je vais y aller doucement, étape par étape, pour moi, comme pour vous.

Vue de haut, dans tout notre univers, il n’existe qu’un duo de créateurs, l’homme et la nature.

Pas un trio ! Le troisième serait « la machine », d’après certains petits malins.

Une machine, aussi merveilleuse soit-elle, ne créé rien, n’a jamais rien créé, et ne créera jamais rien. Tout comme la multitude d’outils que l’homme a déjà créés. Le ciseau à bois tout seul ne cisèle rien du tout.

Bon, je fais une pause après avoir déterré cette première certitude.

Une punaise sur ma vitre avec un soleil rasant

La machine en l’occurence est un ordinateur. Mot choisi en 1955 pour traduire « computer« , calculateur en américain. Le mot ordinateur d’avant cette époque existait : il désignait tout simplement le bon Dieu, celui qui ordonne l’univers, « le grand ordinateur ».

Le mot calculateur paraissait trop étroit sans doute, pour ce nouvel outil, du moins en France… restons modestes.

C’est un spécialiste de la langue française qui avait proposé cette traduction, et il proposait d’ailleurs plutôt « ordinatrice ». On se demande bien pourquoi le féminin avait été réfuté !

Une seule colonie bactérienne âgée (Rothia)

L’intelligence : en français, ce mot semble réservé à une capacité humaine, voire animale (et végétale), donc une qualité possiblement attribuable à la nature. Une qualité bien difficile à définir ! Alors que son opposé, la bêtise, semble facile à décrire.

L’académie propose  » aptitude à comprendre » ; une machine peut elle comprendre ? Ben non.

Une « aptitude à adapter son comportement à une situation nouvelle » une machine en est-elle capable ? Ben non, bien sûr.

Avec ces deux définitions, une machine, aussi complexe puisse t elle être, ne peut être qualifiée d’intelligente !

Or l' »intelligence artificielle », ce n’est que des mathématiques et de la machine. Et avec ces deux mots accouplés, contradictoires donc, on a fabriqué un oxymore, du moins en France.

Car le mot intelligence en anglais n’a pas le même sens, et c’est le mot anglais « intelligence » qui est utilisé dans cette activité. D’où ma confusion. En anglais, l intelligence, c’est « aptitude à savoir », c’est tout.

Et cette « nouvelle intelligence » ne date pas d’hier : petit retour dans le passé.

Le dessous d’un bégonia

Nous sommes dans les années 1950. Des américains affirment rêver de faire des machines « aussi intelligentes » que les hommes. Avec leur langue et leur imaginaire, les hommes font beaucoup.

Tiens, tiens, voyons voir : comment fonctionnent nos neurones ? Petit problème : le cerveau humain est la structure la plus complexe de l’univers, à vue de nez. Le neurone, une de ses structures les plus visibles, mais des plus difficiles à appréhender, peut-il être « représenté » par des codes informatiques ? Et le « réseau de neurones » ?

En « intelligence artificielle », ce sus nommé réseau est en fait d’une simplicité mathématique confondante, tout à fait incomparable avec « le vivant ».

Mais le mot neurone impressionne, s’pas ?

Et je découvre que les mathématiciens depuis ont gardé ce mot « neurone », sidéralement loin d’un « vrai neurone » ! Et aussi « réseau de neurones » qui pourrait évoquer vaguement de la culture cellulaire, de la culture de neurones !

Mathématique du tournesol

Les hommes font avancer ce qu’ils nomment récemment « l’intelligence artificielle » depuis fort longtemps… Depuis Pascal -entre autres-, né en 1623. Inventeur d’une calculatrice déjà infiniment plus rapide que notre cerveau à l’assaut de simples multiplications !

Pourquoi se met-on à en parler d’abondance en 2023 ? Alors que depuis des dizaines d’années son objet avance à grand pas, dans de nombreux domaines, du travail acharné de dizaines de milliers de mathématiciens, d’informaticiens, de dizaines de milliers d’ingénieurs…

Il y a par exemple plus de vingt ans en fait que les IA sont entrées dans les labos d’analyses médicales.

Alors pourquoi 2023 ?

Le bleu du lin et le bleu du ciel

La réponse est simple : c’est la conséquence de la mise sur le marché de gigantesques attrape-nigauds. (Nigaud que je suis aussi !) Autrement dit une machine à faire d’abord et avant tout : du pognon. Terme un peu vulgaire. De l’artiche, du flouze, de la galette, de la thune, du grisbi …

Du pur commerce, comme dab.(Business, as usual). Le chatte j’épété est affligeant de bêtise, même si l’on peut admirer fugitivement sa puissance, être bluffé par ses capacités ! Les incohérences multiples de ce nouveau joujou planétaire prêtent à rire, et on ne s’en prive pas !

On disait au début de l’informatique « garbage in, garbage out« , « une horloge cassée a raison deux fois par jour », « tu mets des déchets dedans (la machine), elle te ressort des déchets ». Tu mets du kk dedans, elle te sort du kk.

Tout simplement parce que ces masses de données, de « data » qui sont collectées par ses énormes systèmes dits génératifs, ne sont pas vérifiées !!!!!

C’est donc un idiot rigolo et puissant. C’est génétique. Tout le monde peut le vérifier en quelques minutes.

En résumé :

le mot « intelligence », en langue française, ne peut s’appliquer à ces montagnes d’algorithmes et de mathématiques, mais l’usage, malheureusement, l’a imposé, et c’est l’usage qui légitime les mots nouveaux, ou leurs nouveaux sens : c’est la définition anglaise qui l’a emporté.

Fatalement l’académie française donnera un nouveau sens au mot intelligence.

Il n’existe pas, et il n’existera jamais « une intelligence artificielle »: en français actuel, un mot plus juste aurait été « assistant artificiel ».

Mouais … pas très sexy…, pas très excitant …, pas très vendeur.

Si on ne peut plus faire marche arrière sur l’emploi de ce vocabulaire, ce qu’il nous reste à faire, c’est juste utiliser le pluriel, systématiquement. Il parait qu’on a échappé de peu à l’expression « l’IA créative », pour une « IA générative ». C’est déjà ça !

On parlera donc « des IAs », c’est plus rapides à prononcer, on cherche d’instinct le mot le plus court qui fait sens.

Les habiles commerçants n’hésitent pas à violer la langue. L’erreur pour ces robots, n’est plus appelée « connerie », mais « hallucination »!

mdr !

« Ils » nous prennent vraiment pour des cakes en nous vendant du perroquet probabiliste crétin !

Pas gentil pour le perroquet, car lui, lui au moins, lui l’est beau.

Un chou très mathématique

L' »intelligence artificielle » qui aide merveilleusement ma lecture au microscope, n’a rien à voir avec avec celle qui aide le météorologiste à faire des prévisions…ou celle qui a aidé les chercheurs à trouver des molécules candidates à l’antibiothérapie.

En l’occurence, ce qu’on oublie de dire, c’est que cette IA n’est juste qu’un outil très puissant pour « trier » les molécules (« le screening »), ce qu’on pratique depuis fort longtemps, et que les molécules trouvées ont bien sur été testées en modèle biologique !

Ouf, je me sens un peu moins écrasé par ces machines surpuissantes. Mais elles nous imposent dorénavant une vigilance de chaque instant, car elles nous envahissent, et gaffe à ne pas se couper avec ce nouveau ciseau à bois, c’est tout un apprentissage …

Le chat jépété en deux ans d’activité est déjà plus crétin qu’en 2023 (2% de plus d’erreurs) et ce n’est pas fini !

A quand la première monstrueuse connerie ?

Trop nombreux sont les hommes aveuglés, amoureux de ces gros joujoux d’où émane l’odeur puissante d’argent frais.

Et je ne parle pas de l’impact écologique, tout simplement ahurissant.