Le cerveau, c’est comme les pieds, ça se lave, mais tout seul
Je vous fais une confidence : l’endroit que je lave avec le plus de conviction le matin, ce sont mes pieds. Depuis trente ans. Un champignon, le Trichophyton m’agaçait bien trop souvent les doigts de pied avant que je n’adopte cet auto massage régulier au savon d’Alep, de Marseille ou d’ailleurs. Depuis, le champignon a abandonné la partie. Et je trouve injuste que ces magnifiques mécaniques, les plus éloignées de nous soient si souvent négligées …
Et puis, quel pied !
J’apprends qu’un autre organe subit lui aussi un lavage journalier, mais pour lui, c’est automatique, ça se fait tout seul la nuit.
Notre cerveau qui ne représente que 2 % de notre masse corporelle consomme presqu’un quart de notre énergie totale dépensée. Il carbure essentiellement au glucose et à l’oxygène. Plus de 100 grammes de glucose par jour.
Cette intense activité produit plus d’un kilo de déchets par an, traités par le système dit glymphatique mis en évidence en 2012, (Contraction de glie et lymphe), un système qui entoure le cerveau.
Impossible de le visualiser en dissection. La technique appelée microscopie à deux photons permet de voir les flux de sang et de LCR -liquide céphalo rachidien- dans le cerveau d’un animal vivant.
Ce système assure le drainage des fluides cérébraux vers le liquide céphalo-rachidien (LCR). Le système glymphatique permet d’évacuer ces déchets, autrement dit de « nettoyer » le cerveau.
En 2015, des chercheurs avaient montré qu’un traceur fluorescent injecté dans le LCR peut être détecté trente minutes plus tard dans le tissu cérébral, ce qui atteste le passage du LCR à l’intérieur du cerveau.
Cette année vient d’être découverte une quatrième méninge, le SLYM, allusion à sa minceur, « Slim », une seule couche cellulaire le plus souvent. Le slym semble contribuer à séparer le LCR « propre » et « sale ». D’où son rôle dans le système glymphatique.
Pendant le sommeil l’espace intercellulaire s’accroit jusqu’à 60 % permettant une meilleure circulation des fluides cérébraux.
L’évacuation de la protéine bêta amyloïde, considéré comme un « excrément » de l’activité cérébrale, est deux fois plus efficace chez les souris endormies que chez les souris éveillées.
Donc en gros, pendant le sommeil, notre cerveau se gorge comme une éponge de LCR tout frais. Puis il s’essore de LCR « sale »vers le système lymphatique, puis veineux.
Le sommeil, finalement, c’est un peu comme une douche !
J’imagine le jus de cauchemar évacué vers nos méandres veineux.
En pratique, tout se qui peut perturber ce sommeil réparateur doit être évité -si possible-, facile à écrire, parfois moins facile à faire.
Il n’est pas sur que les bien trop nombreux médicaments consommés à cet effet soient la solution.