La chasse aux spermatozoïdes reste ouverte
Les marais étaient en France à l’origine de paludisme ; la dernière région infestée était la côte Orientale de la Corse. Elle a été débarrassée du palu par épandages massifs américains de DDT d’après guerre. Mais le DDT a été classé POP. Ici marais de Goulaine.
Le moustique tigre, Aedes albopictus, possiblement porteur de plusieurs virus, contrairement à notre « brave »(?) moustique autochtone Culex*, est arrivé dans le Sud de la France en 2004. Depuis il a progressé vers le Nord ; il a maintenant pris ses aises dans la région parisienne. Sale bestiole ! Tout le monde rêve de sa disparition, d’autant qu’on signale maintenant régulièrement des cas autochtones de dengue, de chikungunya et de zika.
La boucle est simple : un touriste va bronzer dans un pays où le dengue sévit, se fait piquer, rentre, se refait piquer dans la foulée par un moustique tigre de chez nous qui devient de ce fait contaminant.
On ne dispose pas encore de vaccins efficaces contre ces virus. Les rêves apportent des projets de solutions dont certains avancent à grands pas : le lâcher de mâles rendus stériles par irradiation, ou contaminés par une bactérie, la Wolbachia qui rend leur reproduction impossible.
D’autres rêves ne se réaliseront pas : retour des hirondelles, des chauves souris, de tous les oiseaux insectivores qui disparaissent lentement sous nos yeux, grenouilles et autres crapauds, tous menacés.
Pour l’instant la lutte contre les moustiques porteurs de virus est menée ainsi : quand on détecte un cas, on effectue deux pulvérisations: du Bti sur les points d’eau stagnants proches, en tant que larvicide, puisque le moustique commence sa vie dans l’eau.
Puis on pulvérise de la deltaméthrine, ciblant les adultes, autour du cas signalé, sur une surface établie… au pifomètre.
De démoustiquer ainsi a des limites : des moustiques résistants à tous les biocides de cette famille sont déjà signalés un peu partout en Europe. Continuer ainsi ne fait qu’augmenter le nombre de résistants.
C’est d’autre part un produit non spécifique, qui tue de nombreuses autres espèces animales, abeilles en tête.
Et il faut vraiment « faire confiance » pour penser que « ce n’est pas un produit dangereux pour l’homme » !
Certes sa toxicité peut être faible. Elle est documentée chez le foetus. Et quelques études sur les souris montrent clairement que comme d’autres pyréthrinoïdes de synthèse, la deltaméthrine a une action délétère sur la formation des spermatozoïdes. Ils sont moins nombreux, et plus souvent défigurés. Dans un monde où le sperme se dégrade à bonne vitesse, on sait parfaitement que c’est l’effet cocktail qui est en cause, c’est à dire l’effet de l’ensemble de nombreux polluants, médicaments, plastifiants, additifs, pesticides présents tous individuellement en faibles, voire très faibles concentrations…
Utiliser le moins possible les produits les moins toxiques possibles est la seule solution. Or la population française est déjà bien imprégnée de deltaméthrine, ce produit étant très utilisé chez les animaux domestiques comme insecticide…
Pour ces maladies virales exotiques, des moyens de lutte existent : d’abord les voyageurs qui viennent de pays où la dengue est endémique peuvent être dépistés, et subir une « quarantaine » quand ils sont atteints.
Quant à la lutte contre les moustiques, elle demande une grande participation de la population, donc une éducation qui commence dès l’école.
Les gites larvaires, c’est à dire en fait les moindres flaques d’eau stagnante doivent être soigneusement traqués.
La prévention contre les piqûres de moustiques passe par des protections individuelles. Porter des vêtements couvrants, dormir sous des moustiquaires. Utiliser des produits répulsifs sur la peau ou les vêtements quand l’épidémie est s’installe. Piéger les moustiques.
Les voyages : les éviter le plus possible (émission de GES), et en tout cas éviter les pays où sévissent les épidémies.
Utiliser les insecticides systématiquement peut conduire à la catastrophe : en cas d’épidémie massive, avec des moustiques devenus résistants à tout, quelle sera la solution ?
*Pas tout à fait vrai : Culex pipiens peut transporter le virus West Nile et le virus Usutu, quand il a piqué des oiseaux contaminés.