Rouges jardinspar Guy Grandjean
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Adaptation ou acclimatation ?

Ecologie

Je regarde le mot adaptation dans le dictionnaire. Synonyme : acclimatation. Mdr !

Toute vie nouvelle s’adapte. La vie entière s’adapte. Sans arrêt.

Les fougères, le sarrasin, le Staphylocoque doré, le ver de terre, le crotale, le lapin angora, la vache normande, le chimpanzé, et même nous, les singes nus.

Toute vie nouvelle s’adapte, ou pas, au monde qui l’entoure.

La gauloise dorée, dont le mâle représente la France sur les terrains de sport. Elle est très belle, mais pour la ponte, elle n’a pas la médaille d’or.

Le 18 juillet 2022, des records de chaleur ont été observés en Bretagne. Prévenus, les bretons ont pu s’y adapter, malgré leur appétence historique pour le crachin. Ils avaient engrangé les expériences encore fraîches des années 2003, 2019, 2021…

Mais pour leurs volailles enfermées, c’est une autre histoire. Les comptes n’ont pas été faits, mais ce jour là, probablement autour de deux millions de volailles sont mortes de coup de chaleur, avec des ventilateurs qui tournaient pourtant à fond les ballons et de la brumisation. Les services d’équarrissage ayant été totalement débordés, des enfouissements de cadavres ont été pratiqués « à l’ancienne » avec de la chaux vive. Tout comme en Vendée quelques mois avant, où la grippe aviaire s’était installée.

Mésange

Cette nouveauté pour les bretons est le quotidien des éleveurs des pays du Sud. En Algérie, on élève moins les volailles pendant la saison chaude. Au Brésil, très gros producteur, les éleveurs perdent 1 million de volailles tous les ans pendant les fortes chaleurs.

L’idée est venue à des biologistes d’aider un peu les poulets et leurs éleveurs. De manière originale.

La génétique a été abondamment utilisée. Certains ont même essayé de faire des poules sans plume !

Et puis, c’est maintenant c’est l’épi….génétique. Késaco?

Poule Marrans : le poussin a un diamant au bout du bec pour casser la coquille : c’est un accouchement participatif

Dès que l’oeuf est formé, il devient embryon et teste chaque nouvelle molécule rencontrée ; il reçoit des stimuli variés, des vibrations, des « informations » du monde environnant. Et il s’en fabrique une certaine mémoire biologique : cette mémoire l’accompagnera tout au long de sa vie.

Concrètement : une grossesse passée pendant une période de restriction alimentaire : l’adulte en sera marqué à vie. La génération conçue pendant la dernière guerre était « de plus petite taille ».

Les espèces à grande crête supportent mieux la chaleur . La crête et les caroncules font office d’échangeur de chaleur.

L’hypothèse des chercheurs a été vérifiée : on peut « conditionner » les poulets à mieux supporter les coups de chaleur.

Comment ?

A l’âge de cinq jours, les poussins sont soumis à un « stress thermique » (léger!) pendant 24 heures. Cela suffit pour leur faire mieux supporter adultes des températures désagréables !

Une autre méthode, appelée acclimatation (!) embryonnaire : ce coup ci, c’est l’oeuf embryonné qu’on porte à 39,5°C, trois heures par jour pendant trois jours, à partir du 16 ème jour. Adulte, sa température rectale sera de 0,15°C moins élevée et sa capacité à subir un stress thermique bien supérieure…

Voilà les merveilles de l’épigénétique.

Elle n’empêche pas, et n’empêchera pas qu’à 47 degrés, plus personne ne répond.

Le coeur du soleil batifole à des millions de °C, mais nous, c’est au degré près qu’on se sent bien ou pas, tout comme les poules.

Les oiseaux sont plus chauds que nous, ils font du 40°C, mais ils supportent mal l’hyperthermie. Pour s’adapter au stress thermique, Ils hyper ventilent, jusqu’à 200 cycles minute. Ils ne peuvent pas suer, et ils sont très bien isolés avec leur matelas de plumes. Ils boivent d’abondance.

Cette pie crève de chaud.

C’est pour ça que vous les voyez le bec grand ouvert dès qu’il fait un peu chaud.

En pratique : c’est difficile. L’évidence : placer les poulaillers dans l’ombre d’un sous bois, autrement dit les protéger des rayons ardents du soleil par des arbres. Donner de l’eau en abondance, enrichie en bicarbonate de sodium pour lutter contre l’alcalose respiratoire. Pratiquer le vide sanitaire en été : la grande chaleur et le soleil ont des vertus antiseptiques.

L’idéal serait de faire des poulaillers façon maison marocaine, avec d’épais murs en terre. Ou le poulet troglo, nouvel appellation : le bien être animal est à ce prix. Et notre survie avec.

Deux cigognes hyper ventilent