Adaptatio, adagio ma non tropo
ADAPTATION
Dès son premier souffle, Homo neandertalensis a passé sa vie à s’adapter, et dans la foulée, Homo sapiens, itou également.
S’adapter à quoi ?
D’abord et avant tout, s’adapter aux autres, puisque le Néandertalien comme l’Homo sapiens sont des espèces sociales. Il existe paraît-il des histoires sans paroles, mais il n’existe pas d’Homo sans d’autres Homo.
Ensuite, c’est d’adapter aux conditions de vie éventuellement changeantes. En pratique, s’adapter, c’est fondamentalement pouvoir changer de comportement, quand sa vie est menacée par de nouveaux évènements.
Vous travaillez dans votre jardin, tranquilou, une horde d’Homo brutaux et sanguinaires vous tombent dessus un beau jour. Si vous restez jardiner, c’est le bout de votre vie. Si vous voulez vivre, vous choisissez : le combat, ou la fuite, vous adaptez votre comportement à de nouvelles données. Le choix peut être difficile : combattre une kalache avec une bêche n’est pas forcément aisé.
En ce moment le milieu de vie d’Homo sapiens, notre biotope, change à toute vitesse.
Notre environnement humain, d’abord, c’est la bombe démographique qui explose sous nos yeux. N’ayant plus de prédateurs depuis longtemps, seule la guerre ou les épidémies régulent dramatiquement les populations.
On pense à l’Afrique, mais de très nombreux pays sont menacés par leur surpopulation, au regard de leurs maigres autonomies agricoles voire énergétiques.
Notre environnement physique : le nouveau cafouillage climatique s’accélère.
Notre environnement microbiologique, avec un nouveau virus qui est là, sans doute pour longtemps, différent des virus grippaux qui, eux, sont saisonniers. Et d’autres virus nous menacent, via l’arrivée du moustique tigre.
En pratique, comment s’adapter ?
Commençons par les virus, c’est simple.
Ce coronavirus n’est pas bien méchant pour la plupart d’entre nous, mais il s’avère féroce pour d’autres. D’où la nécessité de le contenir, par des mesures barrières : sans ces mesures, nous aurons sans arrêt de temps à autre des hôpitaux engorgés, avec des soignants déjà bien occupés. Ces mesures barrières sont simples à mettre en place, elles se heurtent juste à nos habitudes.
Terminées les poignées de mains, les bises, rien de grave, nous avons bien d’autres manières de nous saluer. Le « check » des djeunes, poings ou coudes etc.. Le signe de tête à l’oriental, ou bien d’autres manières, j’ai vu le « toucher de front » chez des adolescents. Et ceci jusqu’à ce qu’une vaccination « longue protection » soit découverte.
Pour le tigre, il nous faut apprendre à lutter contre des eaux stagnantes. Porter des vêtements amples et couvrants, avec du Deet dans la poche. Si nous voulons éviter de vivre dans un nuage insecticide, qui, de toute façon, un jour ou l’autre serait inopérant, par sélection de moustiques devenus résistants.
Pour l’agriculture, c’est bien plus complexe, c’est un chambardement sans précédent. Le nombre de bouches à nourrir impose une certaine efficacité. Mais certaines cultures sont condamnées, trop consommatrices d’eau. En France, au maïs par exemple doit succéder la Silphie, le Sorgho et autres plantes adaptées, en urgence.
Pour la sylviculture, ce n’est pas simple non plus, tout est à revoir. Reverdir les villes, planter des espèces résistantes à la sécheresse une nécessité.
Adapter notre habitat, vaste programme, adapter nos déplacements, une nécessité et un casse tête…
Partout ces évidences se heurtent à la peur du changement. Ne dit on pas « l’habitude, seconde nature »!
Grosso modo, nous changeons ensemble significativement quand les lois changent, c’est dire comme notre archaïque socialité est inscrite profondément en nous. Car qui dit loi dit hiérarchie, dit contrainte, et la liberté ne reste alors qu’un sentiment, loin, très loin de notre rigide réalité psycho-biologique.
Car s’adapter, c’est jouir de la liberté de changer, d’évoluer ! Nous pouvons tous nous adapter, chacun à sa mesure… Car le temps de mettre en place ces lois, en France, et en Europe, nous risquons fort de connaître le sort du poulet barbeuc ! Le temps n’existe plus, seule la nécessité nous guide !